Depuis 14 ans, le géologue australien Ian Plimer se bat contre les créationnistes. Après six années de procès, il est au bord de la banqueroute. Vous pouvez l'aider.
En 1997, les radios et journaux se sont fait l'écho d'un procès australien opposant un scientifique aux créationnistes, mais n'ont pas suivi l'affaire sur le long terme. En fait, la bataille continue... Mais tout d'abord, qui sont ces créationnistes ? Les créationnistes issus du fondamentalisme protestant sont attachés à une lecture littérale de la genèse biblique [1, 2]. Leur discours sur le monde et son origine s'est longtemps construit contre la Science, ce qui limitait leur respectabilité. D'où un changement de stratégie. Les créationnistes modernes ne s'opposent plus à la Science, mais au contraire entendent gagner leur crédibilité auprès d'un public naïf ou désinformé en se prétendant eux-mêmes scientifiques. Ils ont donc inventé " le créationnisme scientifique " pour combattre la science sur son propre terrain, trouver et promouvoir les preuves scientifiques de l'interprétation littérale de la genèse biblique. Ainsi la terre n?aurait que 6 000 ans et les fossiles sont expliqués par le déluge. Deux siècles de géologie et de paléontologie sont réinterprétés de fond en comble et la biologie évolutionniste niée de manière à ce que la bible soit " scientifiquement prouvée ". Aux Etats-Unis, ils ont depuis 25 ans leurs instituts de recherches, leurs chercheurs qui publient dans leurs journaux et délivrent des PhD, leurs musées, etc... [1, 2, 3]. La Science est donc singée dans tous ses détails. En France, l'attitude la plus courante face au créationnisme est l'amusement. On se croit à l'abri, on ne voit aucune raison de s'inquiéter. On ignore peut-être que La " Creation Research Society " créée en 1963 aux USA est plus que jamais un puissant moteur de l'extension du créationnisme sur tous les continents [3], que les profits que les créationnistes tirent de leur commerce en Australie ou aux USA servent à leur expansion, y compris en Europe. La Suisse hébergea en 1984 le premier congrès européen créationniste. La Suède ouvrit le premier musée créationniste européen à Umea en 1996. Le créationnisme s'infiltre en France, certes pour l'instant de manière plutôt discrète : des communes ouvrent leurs salles pour leurs conférences ; des cassettes vidéo créationnistes fabriquées en Hollande circulent dans certains lycées.
En Australie, pays où le médecin Michael Denton publia en 1985 un livre truffé de bêtises " Evolution, a theory in Crisis " (et qui, inexplicablement, trouva des éditeurs français pour sa traduction), le poids politique et économique des créationnistes (via la Creation Science Foundation) est sans commune mesure avec ce qui se passe en Europe. Leur lobbying est tel qu'au début des années 80, l'état du Queensland autorisa l?enseignement du créationnisme en tant que Science dans les écoles. Ian Plimer, professeur de Géologie à l?Université de Melbourne, refuse de laisser les créationnistes s'infiltrer dans le système éducatif de son pays. Plimer a pu prouver, au cours de six années de procès incessants, que les créationnistes australiens étaient responsables de fraude scientifique et financière. En Australie, les avocats sont payés sans budget ni limitation de durée tant que le procès se poursuit. Les fondamentalistes sont soutenus financièrement par une activité commerciale intense de cassettes vidéo et audio, livres, et autres supports de leur message sectaire. Ils utilisent toutes les tactiques légales en vue de retarder et d'empêcher l'action en justice d'apparaître à la cour, ceci pour essouffler financièrement leur ennemi.
Plimer a déjà dû vendre sa maison pour continuer
les procès. Malgré une campagne publique de soutien qui permit
de récolter 200 000 dollars en 1997, malgré un procès
gagné, malgré une reconnaissance internationale (Plimer a
reçu des sociétés géologiques anglaises et
allemandes le prix Eureka en 1995), Plimer reste écrasé de
dettes : il doit encore 380 000 dollars de frais de justice. Sans parler
de la fatigue (il maintient son activité universitaire), du stress
des pressions, des insultes, des menaces de mort, de la semi-clandestinité.
Si vous voulez en savoir plus, Ian Plimer a envoyé le récit
de son combat au journal " La Raison " [4]. Une campagne de solidarité
est lancée en France à l'initiative de l'association La Libre
Pensée, en faveur de Ian Plimer qui se bat pour la laïcité
dans son pays. Vous pouvez l'aider en allant à votre banque lui
verser des fonds directement sur un compte spécial [5]. Plimer pourrait
se contenter de faire tranquillement une brillante carrière universitaire.
Au lieu de cela, il sort de son laboratoire et paie de sa personne pour
un combat qui nous concerne tous, dans la mesure où l'intrusion
créationniste s'organise à l'échelle internationale
: le respect du public et de la fonction publique, la défense de
la liberté de pensée et l'expulsion des sectes et des églises,
des écoles et du champ des Sciences.
Guillaume LECOINTRE
1. Dominique Lecourt. 1992. L'Amérique entre la bible et Darwin. P.U.F.
2. Jacques Arnould. 1996. Les créationnistes. Editions du Cerf.
3. Jean-Louis Hiblot. 1997. L'évolution du créationnisme à travers le protestantisme anglo-saxon. Repères chronologiques. In P. Tort. Pour Darwin. P.U.F. pp. 813-833.
4 : La Raison, n°438, Février 1999, p.15. (Mensuel de la Libre Pensée, même adresse que ci-dessous).
5 : Versez directement au compte suivant : Ian Plimer. Banque : Bayerische
Hypo und Vereinsbank AG, Stiglmaierplatz, 80311 München.
Bankleitzahl (code banque) : 700 202 70 ; Konto (numéro de compte)
: 41919612.
Pour tous renseignements complémentaires ou si vous souhaitez élargir cette campagne de solidarité financière, contactez la commission Sciences de la Libre Pensée, 10-12 rue des Fossés Saint-Jacques, 75005 PARIS. Tél. 01 46 34 21 50 ; Fax : 01 46 34 21 84. mail : Libre.Pensee/\/\/\wanadoo.fr (remplacez les vagues par @)
Serge Boisse
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