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http://sboisse.free.fr/science/maths/new_th_ens.php
Auteur: Serge Boisse
Date: Le 26/03/2023 à 19:03
Type: web/MOC
Tags: théorie,ensembles,maths
pub: oui
commentaires: oui
Lorsque les ensembles peuvent se contenir eux-même, que se passe-t-il ?
Dans cette page on cherche à définir à priori ce qui est un ensemble et ce qui ne l'est pas.
Donc à construire de nouveaux ensembles de la manière la plus générale possible à partie de la seule chose dont on soit sûr : il existe un ensemble vide.
En particulier on va autoriser un ensemble à se contenir lui-même.
La théorie des ensembles ZFC-F+AFA conduit a penser que la structure de ce que sont les "vrais" ensembles peut être modélisée par un graphe. En effet un ensemble qui peut se contenir lui-même est facilement représenté par un graphe. Mais pas n'importe quel graphe !
Voici par exemple le graphe de l'ensemble défini par E = {a,b,c,d, E} :
les éléments de l'ensemble E sont a,b,c,d et E lui-même.
Il semble logique de supposer que deux ensembles sont égaux s'ils ont les mêmes éléments : cependant si l'on définit A et B par :
A = {1, A} et B = {1, B}, ceci conduit à A=B si et seulement si A=B, ce qui n'est pas très utile ! Pourtant si A={1, 2} et B={1, 2}, il faut bien que l'on puisse prouver A=B !
idem dans le cas de la structure : dans laquelle A et B sont identiques puisqu'ils pointent vers les mêmes éléments.
Avant de formaliser, explorons ensemble ce nouvel univers. Supposons que les ensembles soient des neuds dans un graphe connexe et orienté. Appellons cardinalité d'un ensemble le nombre de flèches qui partent du neud correspondant.
Naturellement, l'ensemble vide {} existe. Sa cardinalité est zéro.
Si E est un ensemble, l'ensemble {E} qui contient un élément, E lui-même, existe.
De même si E est un ensemble, les ensembles Fn = {E,E,E....} qui contiennent n fois l'ensemble E , existent.
par exemple {{},{}} existe. Est-ce vrai seulement lorsque n est fini ?
On est tenté alors d'utiliser des graphes valués par des indices >= 1. (voire > 0 pour les enembles flous ?)
Parmi les ensembles de cardinalité 1, les singletons, nous avons {{}}, l'ensemble contenant l'ensemble vide, et également O1, l'ensemble défini par O1 = {O1 }, ou l'ensemble "qui se mord la queue", ainsi que tous les ensembles E = {F} où F est un autre ensemble (ce qui inclut E = {{ E }} par exemple ; l'ensemble qui contient un ensemble qui contient lui-même !) Y en a-t-il d'autres ?
En particulier on pourrait songer aux systèmes suivants :
S1 : A = {B}, B = {A}
S2 : A= {B}, B = {C}, C = {A}
etc.
Ces systèmes définissent-ils des "vrais" ensembles ? Remarquons que leur définition est symétrique et que dans chaque système les ensembles ainsi définis possèdent les mêmes propriétés : Dans le système S1, A et B ont les mêmes éléments, A et B eux même. Remarquons encore que A=B=O1 est une solution de S1, et que A=B=C=O1 est une solution de S2.
Je propose donc de dire que les ensembles définis par ces systèmes n'apportent rien de plus. Plus précisément nous allons exiger que chaque équation ensembliste ait une solution unique. Une telle equation sera de la forme A={a,b,c,...} où a,b,c sont des ensembles. Il nous faudra donc donner une méthode effective de recherche de cette solution.
Mais voyons donc les ensembles de cardinalité 2, les doublets :
{ { }, { } } est un doublet
On est tenté de dire que si E et F sont des ensembles {E, F} existe.
en particulier si E est un ensemble, {E, E} existe.
mais ça ne suffit pas : O2 ={O2 , O2} est aussi un ensemble, "l'ensemble qui se mord doublement la queue".
De même F= {E, F} est-il un ensemble si et seulement si E est un ensemble, ou pas ?
Soit maintenant le système :
A={B,B}, B={A,A} : ce système définit-il deux ensembles ? en fait A=O2, et B=O2 est une solution de ce système. Si l'on souhaite que cette solution soit unique. Le système n'a donc pas de solution si A # B
Un autre essai, où l'on suppose que C est un ensemble : soit les systèmes :
S3 : A= {B, C}, B={A, C}
S4 : D= {D, C}
Si l'on accepte que S4 a une solution, D est un ensemble. Dans ce cas, A=B=D est la solution unique de S3 : S3 n'a pas de solution si A#B
Dans le système E={1, F}, F={2, E}, par contre, on peut accepter que E et F soient des ensembles. Mais dans E={1, F} + F={1, E} la seule solution sera E=F=S, solution de S={1,S}
On peut imaginer que pour chaque système d'équations on crée un système réduit , en remplaçant toutes les variables par une seule. Si ce système réduit a une solution, alors c'est c'est celle du système complet. Sinon, le système complet définit bien des ensembles (un par variable libre du système);
Mais soit le système, où l'on suppose que D est un ensemble :
S5 : A={B,D}, B={C}, C={A,D} : il définit bien les trois ensembles distinct A, B,C.
le système réduit est alors A={A,A},A={A},A={A,A} qui n'a pas de solutions (la seconde équation est incompatible avec les autres car elle definit un ensemble de cardinalité 1)
et evidemment le système A={a,b},B={a,b} n'est valable que si A=B
Quid de W={{W},W} ? c'est aussi un ensemble que l'on a "oublié" dans nos définitions...
idem pour X={{{X}},X} ou Y={{{Y}},{Y}} ...
Peut être faut il valuer les arêtes avec deux valeurs : le nombre de répétitions et le nombre de sous niveaux {{...}. Mais alors les arrêtes parallèles (même ensemble d'origine, et même destination) doivent porter des nombres de sous niveaux differents. Ce qui fait que l'on peut, en interdisant les arêtes paralleles, valuer le graphe avec des ensembles de couples dont les second membres sont tous différents.
ainsi X={{{X}},X} est représenté par le graphe où X porte une flêche vers lui même, la flèche étant valuée par {(1,2), (1,1)}.
Ca devient compliqué...
L'axiome de l'infini pose un problème : il définit un ensemble infini comme un ensemble qui contient une partie de lui-même différente de lui même et aussi grosse que lui-même. Soit alors E={1,F} et F={2,E} : d'après cette définition ce sont deux ensembles infinis ! Or leur cardinalité est 2...
Ceci sous réserve que E et F soient "aussi gros" l'un que l'autre. Il nous faudra formaliser cela. On dirait que deux ensembles ont la même puissance s'il existe un procédé effectif d'appariement des éléments des deux ensembles.
On peut considerer nos graphes valués comme des valeurs logiques de propositions autoréférentielles, a ceci près qu'il n'y a pas de négation....
Reprenons, avant que la tête ne nous tourne. On peut identifier certains principes d'une théorie des ensembles "naturelle".
principe de l'ensemble vide : {} est un ensemble
principe de l'égalité : par définition {}={}. Si E et F sont deux ensembles, E=F ssi E on n'a pas E#F. On définit le symbole # comme suit :
E#F si F contient un ordinal de {E} ou un cardinal de {E}
E#F si card E#card F
deux ensembles définis par des équations ensemblistes (cf ci après) sont différents si les équations ne peuvent être rendues identiques par renommage des variables libres du système.
est-ce que ça suffit ?
principe d'individualité : dans un ensemble, tous les éléments sont différents. (ceci exclut [O={O,O}])
principe des hyper ensemble : un ensemble peut appartenir à lui-même . Peut être suffit-t-il de ne pas l'interdire ? le principe des équations ci dessous autorise exclusivement de tels hyperensembles, et dit comment les construire.
principe des ordinaux : si E est un ensemble, {E} est un ensemble. La suite E,{E},{{E}}... est la suite des ordinaux basés sur E. {E} est dit le successeur de E. Les éléments de cette suite forment un ensemble.
principe des ordinaux infinis (?) Si E est un ensemble, il existe un ensemble D(E) = {E,{{E},...} dont les éléments sont indexés par des ordinaux; c'est à dire que D(E) =l'ensemble des Ui tels que U{} = E, et si Ui est un ordinal (de E ou d'un autre ensemble !), U{i} = {Ui}
principe de l'union : si E est un ensemble et e n'appartient pas à E, alors E + e = E U e est un ensemble.
cas particulier des cardinaux : si E est un ensemble, et si e est un élément de e et {e} n'est pas un élément de E, alors E U {e} est un ensemble. La suite E, {E,{E}}, {E,{E},{{E}}},... est la suite des cardinaux de E.
Cas encore plus particulier : La suite des cardinaux de {} est notée 0,1,2,3... et forme la suite des entiers cardinaux. Si a et b sont deux cardinaux, on définit a a+b = a U b ! ca marche pas hélas !
principe du cardinal : le cardinal d'un cardinal est lui même. Le cardinal d'un ordinal est 1. Le cardinal d'un ensemble defini par une equation (dans un système ou pas) est le nombre d'élements (fini) de termes a,b.. de l'équation. si E est un ensemble de cardinal x et si e est un ensemble qui n'appartient pas à e, le cardinal de E U e est x+1. Est ce que ça suffit ?
principe des équations ensemblistes : On dira qu'une équation de la forme E={a,b,...} définit un ensemble si les elements a,b,... sont des ensembles tous différents ou des ordinaux de E lui même et tous différents entre eux. On notera [E={a,b,..}] cet ensemble. PROBLEME : [{}={{}}] anti-ensemble ?
principe des systèmes d'équations : Un système E={a,b..},F={c,d,..},... définit tous les ensembles E,F.. si chaque equation définit un ensemble au sens du principe des équations et si les ensembles résultats sont tous différents.
Une condition pour cela est qu'il n'existe pas deux equations E=..,F=.. semblables c'est à dire identiques par renommage de E en F par exemple ???? On notera [E={..}, F={...},...] l'ensemble de ces ensembles.
principe de l'inclusion : si A et B sont des ensembles non tous les deux vides, il existe cinq modalités mutuellement exclusives :
A et B sont disjoints, c.a.d. A inter B= {}. Notons qu'il se peut que {} ne fasse pas partie ni de A , ni de B : peux on alors dire A inter B = {}, puisque normalement A inter B est l'ensemble des élements qui font partie à la fois de A et B ? peut être faut il distinguer Ø (ensembre vide actuel) et {} (intersection vide) ?
A=B
A inclu strictement dans B
B inclu strictement dans A
A et B sont liés, c'est a dire A-B#{}, B-A#{} et A inter B # {}
principe de la valeur logique : toute proposition portant sur les ensembles a une valeur logique qui est un ensemble.
il faut sans doute ajouter l'axiome des parties et l'axiome du choix
Anti-ensembles : ensemble défini par un système d'équations incompatibles, "sans solutions". Passons outre ce blocage mental, et admettons que ces équations définissent bien des objets !
Par exemple bien que [E={E}] définisse un ensemble, [1={1}] n'est pas un ensemble car 1 est défini par 1 := {{},{{}}} et ne vérifie pas l'équation pour des simples raisons de cardinalité. par contre E={E,E} définirait un antiensemble ? quid de [Ø ={Ø}] ? de [E={E,0}, E={E,1}] ? de [E={E},E=<n'importe quelle autre equation>] ?
En fait je cherche a fabriquer le "non" d'un ensemble vu comme une valeur logique. Il faut alors trouver quels ensembles correspondent à vrai ou faux ou indéterminé, etc. La proposition autoreférentielle "je suis vraie" que l'on peut rendre par "ma valeur logique est moi même" s'ecrira (VL(V)=V).
Supposons que la valeur logique d'un ensemble soit le premier ordinal de cet ensemble : VL(E)={E}. "Je suis vraie" sera alors l'ensemble [E={E}], c'est à dire E=O1. Mais comment coder la phrase "ma valeur logique est x" où x est un ensemble quelconque ? simplement par [x={x}], ou par [{[{E}=x]}=x] ? (en supposant tout d'abord que E est la VL de la phrase)...
Une première tentative consiste à supposer que Ø = faux, et que n'importe quelle valeur différente signifie "plus ou moins vrai". dans ce cas "je suis faux" s'écrit VL(Ø)=Ø
A SUIVRE...
Commentaires (3) :
Page : [1]Le 26/11/2016 à 21h52
^^
Le 01/11/2013 à 18h18
Je pense (depuis longtemps) en lisant votre dernière phrase qu'elle est la clé de tout. Nous (les humains, en ce moment) sommes aveuglés dans le cheminement de nos réflexions (philosophiques, logiques, mathématiques, et dans presque toutes les activités humaines) par une invention qui nous paraît fondamentale (au sens strict, donc indispensable) : il s'agit de "linvention" du zéro! Et par voie de conséquence, de l'infini "actuel", son corolaire (l'un impliquant l'autre, comme vous le dites très bien dans votre présentation de la théorie des ensembles).
Notez par ailleurs que votre nouvelle théorie des ensembles se rapproche fortement de la théorie des catégories (ou des structures), tout aussi (sinon plus) féconde que la théorie des ensembles.
Quel mathématicien, y compris les constructivistes et les intuitionnistes, osera cependant abandonner laxiome dexistence de lensemble vide (ou de linfini) ? Et construire une théorie sur ce fondement ?
Il faudrait pour commencer abandonner lidée dune existence « en soi » des objets mathématiques, chère à beaucoup de mathématiciens dit « réalistes » ou « platonistes », et considérer enfin que, comme la philosophie, la poésie ou toute autre activité de lesprit , les mathématiques ne font que donner un éclairage sur le fonctionnement de notre cerveau. Certes, cet éclairage est fécond en ce sens quil nous permet de dégager ce qui nous semble être un certain ordre dans le fonctionnement de lunivers où nous sommes plongés. Mais linfini (et son équivalent logique le zéro), supposés non comme potentiels mais comme actuels, sont-il bien utiles ou ne sont-ils pas au contraire un piège où nous nous enlisons. Sans doute ont-ils permis de progresser dans cette « compréhension » de nous-mêmes et du monde en « simplifiant » la formulation des modèles et les démonstrations dans ces modèles, sans doute ne faut-il pas les abandonner à ce titre, pas plus que nous nabandonnons la théorie de Newton dans les cas où la relativité générale napporte rien de plus. Mais la sortie des paradoxes, indécidabilités et incomplétudes ou de la course aux transcendances les plus inaccessibles (selon les termes mêmes de leurs auteurs) et la découverte de nouveaux horizons, intégrant lhumain et ses limites aux théories mathématiques est sans doute à ce prix. Sinon, les mathématiques, colosse aux pieds dargile et comme le fit la bibliothèque de Borges, ne risquent-elles pas de seffondrer sur elles-mêmes, faute de disposer dassez de matériaux dans tout lUnivers pour en consolider les bases !
Le 26/08/2013 à 01h30
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