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http://sboisse.free.fr/societe/Theorie-mathematique-du-vote.php
Auteur: Serge Boisse
Date: Le 05/04/2023 à 16:04
Type: web/MOC
Tags: politique,maths,élections
pub: oui
commentaires: oui
Je tente ici une petite théorie mathématique personnelle pour répondre à la question : pourquoi les gens votent-ils et comment votent-ils aux élections présidentielles ? Attention, il ne s'agit pas ici d'analyser mathématiquement la procédure de vote, mais pourquoi, en leur for intérieur, les gens votent et comment ils font. Et les résultats de cette analyse sont surprenants : on ne vote pas forcément pour la personne qu'on préfère !
Considérons le 1er tour de l'élection présidentielle en France, et supposons que je préfère a priori un candidat P. Vais-je voter pour P ? Ce n'est pas sûr. Je peux aussi m'abstenir. En fait j'irai voter si je "sens" (par exemple grâce aux sondages) que P "a besoin de ma voix". Est-ce suffisant pour aller voter ? Pas sûr, parce que voter implique un certain nombre de contraintes, il faut se déplacer, c'est du temps "perdu", etc.
Appelons donc e l'emmerdement (constant) dû à la procédure de vote, b le "besoin" que je ressent de voter pour un candidat particulier qui serait mon préféré, et v le sentiment qu'il faut voter de toute manière par devoir civique :
Je voterai donc si v+ b > e
e est naturellement constant, en ce sens qu'il ne dépend pas des candidats ou des sondages.
v dépend des individus, et b dépend des préférences que j'ai pour chacun des candidat, et des résultats des sondages.
Comment évaluer v, b, et e ?
Je décide de m'abstenir lorsque l'une des conditions suffisantes suivantes est remplie :
Quelle est la proportion d'abstentionnistes qui se sont abstenus pour chacune de ces cinq raisons ? Difficile à dire, il ne semble pas y avoir d'étude sur le sujet.
Notons que seule la raison N°4 de s'abstenir tiens compte (éventuellement) des sondages. Les autres raisons (sauf la N°5) ne dépendent que des candidats et de la manière dont ils auront su m'intéresser (ou pas).
A l'inverse, on peut déduire de nos raisons "abstentionnistes" que je vais voter si et seulement si :
Le score de l'abstention aux élections présidentielles est certes élevé, (16 à 28% au 1er tour) mais il reste minoritaire, donc une majorité de Français satisfont chacune de ces cinq conditions !
Supposons maintenant que je satisfasse à ces cinq conditions, et que donc je décide de voter. Comment vais-je choisir mon bulletin de vote ?
En fait, on peut recenser différentes raisons de voter :
Naturellement je peux aussi décider de voter pour plusieurs de ces raisons... Hum, est-ce si sûr ? En fait seules les raisons 1 et 2 sont compatibles, et même quasi identiques. Elles ont pour point commun que l'on vote alors en se moquant des sondages et que l'on vote pour celui qu'on estime meilleur (ou moins mauvais). Il n'y a qu'un seul cas où les raisons 1 et 2 sont différentes, c'est lorsque je vote blanc.
La raison 7 est particulière, parce que l'on vote en suivant les "consignes" d'une personne qui a choisi son candidat selon l'une des 6 autres raisons. Nous pouvons donc l'ignorer dans notre étude.
Hypothèse : Pour déterminer si nous allons voter, et pour qui, nous tenons compte, d'une part, de nos préférences (ou détestation !) personnelles vis à vis des candidats, et d'autre part des classements "d'intentions de vote" fournis par les sondages. Et c'est tout.
Pour formaliser tout cela, nous introduisons donc une "échelle de préférence" allant de 0 à 1, telle que la préférence 0 signifie "je hais viscéralement ce type"; 0,2 signifierait "ce type est nul", 0,5 signifie "il me laisse indifférent", 0,8 signifie "ce candidat me plait beaucoup", et 1 signifie "c'est de très loin le meilleur, les autres ne lui arrivent pas à la cheville".
Nous allons classer maintenant les candidats par ordre de préférence décroissante dans les sondages. Le candidat 1 sera le mieux placé, 2 sera le suivant dans les sondages, etc.
Appelons p(i) la préférence a priori que j'ai pour le candidat i, sans tenir compte des sondages.
Appelons s(i) le score (en pourcentage) du candidat i dans les sondages ; ainsi s(1) est le score du meilleur candidat dans les sondages et s(2) le score du second etc.
Appelons P le candidat qui atteint p(P) = max(p(i)) , mon candidat préféré (ou moins détesté).
Appelons v l'intensité du sentiment qu'il faut voter, de toute manière.
Appelons n le seuil minimum de préférence pour qu'un candidat qui dépasse ce seuil soit jugé "non nul" : c'est le seuil de nullité. On peut l'estimer à 0,2
Rappelons que e désigne l'emmerdement (constant) dû à la procédure de vote
Maintenant nous pouvons préciser les raisons d'un vote :
Que peux-t-on tirer de tout cela ?
D'abord que le seul cas qui peut éventuellement conduire à un vote blanc est le cas 2), ce qui implique que mon candidat préféré n'atteint même pas le score de préférence de 0,3.
C'est apparemment un cas rare (environ 3% semble-t-il en France)
Donnons un exemple : prenons un sondage réalisé avant le 1er tour de l'élection présidentielle de 2012, et limitons nous aux 7 premiers candidats :
Maintenant il faut distinguer deux cas :
je me fiche des sondages ; je vote donc selon la raison 1 "conviction" ou 2 "citoyenne", et je vote pour mon candidat préféré (ou blanc si je n'en ai vraiment aucun)
je suis préoccupé par les sondages :
Si la moitié des français se fiche des sondages et l'autre moitié est préoccupée par eux, alors la moitié des français ne votent pas, au premier tour, pour leur candidat préféré ! On voit à quel point les sondages dits "d'intentions de vote" ne reflètent pas les préférences réelles des français, et à quel point ces sondages pervertissent l'élection.
Commentaires (8) :
Page : [1]Le 28/06/2024 à 20h39
Le 09/04/2017 à 10h01
Le 18/09/2015 à 21h29
Le 10/04/2015 à 14h44
Le 26/01/2014 à 07h06
Je confirme !
Tingy - blog "Sambo Nanas"
Le 04/10/2013 à 19h51
D'abord, il n'y a jamais de représentants nous représentant, pas même dans nos intérêts quels quils soient! Pourquoi voter pour l'un d'entre eux? Donner sa bénédiction au moins pire(en le voyant, mon imagination tarie pour me représenter le pire)?
De toute façon, les vrais dirigeants ne changent pas, ce sont les puissants industriels fortunés qui ne font qu'un avec nos politiques. Qui a créé l'Europe? European Round Table, quand tu nous tiens... et malheureusement c'est le cas
Perso, je suis convaincu d'évoluer dans une société de totalitarisme inversé, idée du philosophe Sheldon Wolin. D'ailleurs l'anonymat de l'état-entreprise, chacun peut s'en rendre compte en essayant de contacter un responsable dans n'importe quelle administration public ou privée d'envergure, quand on a encore le droit à un interlocuteur humain au bout du fil...
Bref, j'adore votre site et donc votre clairvoyance, on se sent moins seul parmi la masse d'endoctrinés aux normes sociétales!
Bravo, continuez!
Le 04/01/2013 à 18h41
Le 08/04/2012 à 12h45
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