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Il a fallu déjà que la Terre soit habitable. Or c'était loin d'être gagné. Cf on-a-eu-de-la-chance-filtres-cosmiques
Ensuite...
Était-ce un événement probable ou pas ? Est-ce que, sur une planète où toutes les conditions (ci-dessus) sont réunies, la vie apparaît automatiquement ? La plupart des astronomes pensent que oui. Je vais tenter de vous expliquer pourquoi.
Et tout d'abord, qu'est-ce que la Vie ? On peut définir le vivant par "la capacité de former soi-même sa propre substance à partir de celles qu'il puise dans le milieu". La vie telle que nous la connaissons sur terre, mais aussi telle que nous l'imaginons sur d'autres planètes, est basée sur la chimie du Carbone. Et c'est très logique, parce que le carbone est l'élément qui permet le plus facilement, et avec la moins grande dépense d'énergie, de former des molécules complexes. Mais une chimie potentiellement complexe ne suffit pas. Pour qu'un organisme, même élémentaire, puisse se former, se reproduire (provoquer la formation d'autres organismes identiques ou semblables), et évoluer, il faut un code. Il faut que quelque part, l'organisme possède une description de sa propre structure.
Toute la vie sur Terre est basée sur le code génétique, un codage unique commun à tous les organismes terrestres, lui même basé sur les propriétés d'une très grosse molécule, l'ADN. L'ADN contient, sous forme codée, la description de sa propre structure, et celle de tout l'organisme qui le contient. D'autres codages auraient dans doute été possibles. Dans le passé de la Terre, il y en a peut-être eu d'autres. Mais parce que l'ADN est, finalement, très efficace, l'évolution a éliminé tous les autres. Sur d'autres planètes où la vie est apparue, le même processus aurait pu avoir lieu.
Dans l'apparition de la vie, il y trois étapes principales : La soupe primitive, la création d'une molécule capable de se répliquer en assemblant des molécules plus petites (l'ADN primitif), puis l'invention du code génétique qui allait permettre de fabriquer des molécules et organismes complexes "en série" selon un plan précis.
Il faut savoir que toutes les structures chimiques présentes dans les organismes vivants, par exemple les protéines ou les nucléotides, sont des assemblages (ou des fragments) de molécules assez simples qu'on appelle les acides aminés. Et les acides aminés, parce que ce sont des molécules simples, sont présents dans l'univers en assez grande quantité. On en a détecté dans les nuages interstellaires, dans des météorites, des comètes. Il devait y en avoir dans les océans et les lacs de la terre primitive. Comme les acides aminés ont tendance, chimiquement, à se regrouper, il suffisait d'attendre assez longtemps pour que des molécules plus complexes se forment. D'autres processus possibles mettent en jeu des combinaisons chimiques qui seraient apparues à la faveur des éclairs, d'éruptions volcaniques, des "fumeurs noirs", ou de combinaisons à la surface des argiles qui tapissaient le bord des lacs.
Il faut imaginer une sorte de "soupe primitive", formée de beaucoup et d'eau de quelques molécules à base de carbone, d'azote, d'hydrogène et d'oxygène, parmi lesquelles quelques acides aminés et autres nucléotides. Il avait fallu attendre un milliard d'année avant que le premier ADN se forme (par hasard) dans cette soupe, mais le processus va s'accélérer, parce que l'ADN est capable de se dupliquer. Comment ça marche ?
Qu'est-ce que l'ADN ? C'est un assemblage moléculaire, formé de quatre sorte de molécules plus petites, les nucléotides, disposées dans un certain ordre en formant une très longue chaîne.
Les nucléotides ont la particularité de s'associer deux par deux : chacun des quatre types a une affinité (chimique !) avec un autre type précis de nucléotide. Chacun veut attirer son copain (ou sa copine) ! Dans l'ADN, ce sont donc les paires de nucléotides qui se succèdent comme des perles sur un fil, ou de deux fils parallèles et collés l'un à l'autre, pour être plus précis. l'ADN humain contient des milliards de ces paires. Mais les premières molécules d'ADN, seulement quelques-unes.
OK, vous me direz qu'une une molécule aussi complexe que l'ADN, même un tout petit ADN comportant quatre ou cinq paires de nucléotides, ne sort pas de la cuisse de Jupiter. Mais le temps dure longtemps. Un milliard d'années, c'est long. Ce qui est possible finit par arriver. Les quelques nucléotides présents dans la soupe se lient par paires. Puis une molécule d'ADN se forme suite à la collision de plusieurs paires de nucléotides. Il suffira d'une seule pour lancer le mécanisme de la vie.
L'ADN est très solide, mais ses deux extrémités ne le sont pas. Si, à la suite d'une collision avec une grosse molécule par exemple, l'ADN se déchire à un bout (c'est à dire : un nucléotide se sépare de son copain), la déchirure va se propager et l'ADN va se trouver fendu dans le sens de la longueur. Il y a maintenant deux molécules, deux fils, et dans chacun, chaque nucléotide est capable de se lier chimiquement avec son copain, et seulement son copain. S'il y assez de nucléotides dans la "soupe", on se retrouve assez vite avec deux molécules d'ADN identiques !
Très vite, il y en a beaucoup. A tel point que tous les nucléotides de la soupe font maintenant partie des molécules d'ADN qui s'y trouvent. On est dans une impasse. Mais la chimie du carbone est merveilleuse. Les molécules d'ADN peuvent s'attacher les unes autres autres, formant des fils plus long. Il va bientôt y avoir des tas de sortes de molécules d'ADN, plus ou moins longues, toutes différentes, dans notre soupe.
Seules les plus aptes à se dupliquer vont survivre. Certaines vont bénéficier d'alliés inattendus : les premières protéines. Ce sont ces ADN là qui survivront.
Car, en plus de pouvoir se dupliquer, l'ADN possède le pouvoir de fabriquer des protéines. Les protéines sont des molécules assez grosses, constituées elles-même d'acides aminés. Vos cellules sont constituées de protéines, mais pour le moment, on n'en est pas là. Pas la moindre cellule, pas la moindre protéine. Mais on a des acides aminés dans la soupe, et on a de l'ADN. Ce sera suffisant.
En effet, les paires de nucléotides ont cette propriété chimique que, lorsqu'on en regroupe trois, ce triplet va attirer un acide aminé particulier, et un seul. Et rappelez-vous, l'ADN est formé d'une longue suite de paires de nucléotides rangés dans un certain ordre. C'est cet ordre qui constitue le code génétique.
Pour lire ce code, on "lis" les nucléotides de l'ADN trois par trois, dans ce que l'on appelle des codons : comme il y a 4 sortes de nucléotides, en les groupant par 3 cela donne 4x4x4 = 64 possibilités. Le code génétique permet d'associer à chaque combinaison (codon) une molécule spécifique, plus précisément un acide aminé. Chaque codon est capable d'attirer chimiquement un acide aminé donné (s'il se trouve dans les parages du codon, bien sûr), et de l'ajouter à une nouvelle molécule en cours de construction.
Il y a des combinaisons redondantes et aussi des combinaisons "STOP" qui ordonnent de cesser la traduction, donc au final il n'y a que vingt acides aminés "standard". S'il y a des acides aminés dans les parages de l'ADN, ils vont se retrouver attirés puis liés chacun à leur code respectif, et comme ils vont se retrouver tous voisins, il se lient entre eux par attraction électrostatique. Une nouvelle molécule est née; une protéine, avec une structure codée par l'ADN !
La plupart des protéines ainsi crées ne serviront à rien. Mais certaines ont la propriétés de faciliter par catalyse ou autre processus chimique, la création de nouvelles molécules à partir des composants que l'on trouve dans l'eau (de mer ?). Par exemple des sucres, des bases azotées, des acides aminés, des nucléotides... Ah, Ah, voila quelque chose d'utile ! D'autres protéines auront la propriété de protéger "leur" ADN, ou au contraire de faciliter sa duplication. Le code génétique ne s'est pas mis en place tout seul, il est le résultat d'un processus de sélection naturelle de l'ADN le plus apte à survivre en créant (codant) des protéines qui l'aideront.
Que conclure de tout cela ? Je pense que si on lui laisse le temps, la vie finit par apparaître. Et si une vie extra-terrestre existe, elle a de forte chances de se retrouver, elle aussi, basée sur les mêmes principes : une molécule jouant le rôle de l'ADN et un code génétique peut-être différent du nôtre, mais toujours utilisant la chimie du carbone et avec de l'eau comme solvant.
Autre chose: l'évolution est un processus qui est automatique et qui a démarré dès que la première molécule d'ADN s'est formée. En effet, les réplications de l'ADN ne sont pas toutes parfaites, il peut donc y avoir des mutations. Et seules les molécules aptes à fabriquer les protéines qui seront utiles à leur protection et leur réplication survivront.
Mutations + sélection => évolution.
Une molécule d'ADN, si elle est suffisamment longue, et grâce à la présence des codons "STOP" (voir plus haut), peut fabriquer simultanément différentes protéines. Si par chance ces protéines se regroupent pour encapsuler l'ADN dans une sorte de coquille, on a le début d'une cellule primitive, ou, comme disent les biologistes, une cellule procaryote. Ces coquilles seront les machines à survie des gènes. Elles les protègent. Elles vont se perfectionner, pour devenir des organismes unicellulaires, des bactéries primitives. Oui, enfin ça n'est pas acquis que sur toutes les planètes où la vie est apparue, ce soit le cas.
Eucaryote signifie "Noyau vrai". Ces cellules possède un noyau qui abrite l'ADN. Autour de lui, mais toujours dans la cellule, on trouve un tas de petits "organites" qui sont des usines spécialisées qui fabriquent tout ce dont la cellule a besoin. Certaines ont leur propre petit ADN. Ces eucaryotes sont probablement issues de la fusion de plusieurs procaryotes. Les cellules eucaryotes ont le grand avantage de pouvoir être indéfiniment diversifiées et spécialisées. Impossible d'imaginer une vie intelligente qui ne serait pas faites de cellules eucaryotes.
La différence entre une simple symbiose entre plusieurs cellule et un véritable organisme multicellulaire, c'est qu'il faut résoudre le problème de la production de cellules germinales (comme les spermatozoïdes et les ovules) et de la régénération d'un organisme complet à partir de celles-ci. Sacré défi ! On pense que les premiers organismes multicellulaires sur terre ont été des micro algues rouges, apparues il y a deux milliards d'années.
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