Comment créer le monde
(Ce titre est aussi celui d'un bouquin de Peter Atkins, que je vous recommande)
L'idée qui se cache derrière un titre aussi provocateur est très simple :
L'univers très primitif (juste après sa création) possèdait un certain nombre de caractéristiques frappantes, voire étonnantes :
- Sa dimensionnalité : pourquoi trois dimensions d'espace et une dimension de temps ?
- Son taux d'expansion, quasiment égal à celui qu'il faudrait pour que son expansion continue indéfiniment.
- Sa courbure (même si on se sait pas si elle est négative, positive ou nulle, la courbure est quelque chose qui reste constant, une des caractéristiques intrinsèque de l'univers). Encore que, il se pourrait bien qu'il y ait de fortes variations de courbure locale et même des varitions rapides avec le temps...
- La valeur de certaines constantes physiques, telle que pour certaines (telles le rapport entre la masse de l'électron et celle du proton, ou le taux d'expansion cité précédemment), si elles avaient été différentes ne serait-ce que d'un milliardième, la vie n'aurait pas été possible (par exemple l'univers se serait recontracté après moins d'un million d'années, ou bien la création de molécules complexes aurait été impossible.
Peter Atkins justifie ces questions par le principe anthropique fort :
Si ces constantes on la valeur que nous observons, c'est précisément parce que ces valeurs sont celles qui permettent la présence d'observateurs !
Ainsi il existe peut être une infinité d'univers avec des lois d'univers différentes, mais nous ne sommes pas dans les autres par ce que ces "autres" ne permettent pas la présence d'observateur intelligents.
Ce principe pose des problèmes philosophiques considérables, en effet il s'oppose violemment à toute la démarche des scientifiques depuis Gallilée, démarche qui tend à faire perdre de plus en plus la place centrale de l'homme dans l'univers : les anciens croyaient que le soleil et les étoiles tournaient autour de la terre, Newton croyait à un espace et un temps absolu... Admettre que l'univers est ce qu'il est parce que les hommes sont dedans, n'est-ce pas un retour à ces âges préhistoriques et supersticieux ?
Pourtant, si cette idéee que l'univers pourrait avoir été créé différemment en qu'en fait il existe des univers avec deux dimensions d'espace seulement (et peut être deux de temps ! on pourrait donc tourner en rond dans le temps et le principe de causalité serait battu en brèche), ou avec une vitesse de la lumière égale à trois mètres par seconde, est vraie, elle doit être testable. Ces univers, si variés, si différents, seraient bien crées à partir de quelque chose ! Il nous faut imaginer une sorte de marmite cosmique, un chaudron géant situé hors du temps et de l'espace dans lequel des univers "bouillonnent", des lambeaux d'univers ayant peut être une dimension d'espace, ou dix, se créent et s'attachent entre eux, se détruisent peut-être...
Dans l'un de ces univers (et peut être plusieurs, mais finalement peu en regard du nombre total), la dimensionalité et la valeurs des constantes physique permet la création, au bout de dix milliards d'années de lente évolution, d'observateurs qui se demandent "pourquoi l'univers est-il tel qu'il est ?".
Peter Atkins suppose que le point de départ de tous ces lambeaux d'univers, c'est le point de départ de tout, le point unique de dimension zéro qui traduit l'opposition structurelle entre "je n'existe pas" et "j'existe", entre zéro et un, c'est un unique bit d'information qui signifie "je suis".
Le point de départ de l'univers, c'est le nombre '1'.
Admettons cette idée ; il me semble alors que nous pouvons la
tester,
jouer au créateur d'univers, et voir où cela nous conduit.
En fait, il nous faut une théorie de l'émergence
des structures: quelque chose qui montre comment une chose aussi
simple que l'opposition "0-1" peut, par le biais de l'autoréférence,
engendrer des structures de complexité croissante.
Je vous propose de suivre trois voies différentes pour y parvenir :
- Un Univers-graphe, où l'on visualise progressivement l'univers en train de se ramifier à partir d'un point unique.
- Un Univers qui se commente, et où chaque état est le commentaire du précédent
- Un Univers conçu comme un processus, effectuant lui-aussi à chaque étape son propre commentaire, toujours plus approfondi. Cette dernière approche, assez ardue, me paraît digne d'intêret et vraiment "sérieuse".
Et puisqu'on y est, je propose des mes pages "maths" une théorie personnelle de la création des entiers qui n'a rien à voir avec les axiomes de Peano, et qui ressemble fort à la création d'un univers...
Enfin, pour vous reposer, voici un petit jeu, lié au dernier point : comment créer un programme (ou un univers) qui se commente lui-même ? : L'univers est-il un programme autoréplicateur ?
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